Le 22 février 1676, devant notaire, Catherine Bolnes cède à sa mère Maria Thins une toile de Jan Vermeer, son mari, mort un an plus tôt : c’est l’un des seuls tableaux sur les 35 Vermeer connus à avoir un titre certain puisque l’acte notarié le désigne comme « une toile où est figuré l’art de peindre ». C’est aussi une des plus grandes œuvres (120x100cm) de Vermeer, qu’il a réalisée sans commande.
Liberté que Jan Vermeer semble s’être peu accordée, car il a très mal vécu financièrement de sa peinture : à sa mort à 43 ans, il ne laisse à sa veuve et à ses 11 enfants que des dettes.
Sa femme n’arrivera malheureusement pas à soustraire « l’Art de peindre » à ses créanciers qui feront vendre la toile aux enchères en 1677.
« L’Atelier » ou « l’Art de peindre », peint en 1665 à 33 ans par J. Vermeer, révèle sous une forme et un sujet classiques un fond ambivalent et baroque .
Un jeu subtilement construit entre des polarités opposées fait toute la modernité poétique et mystérieuse de cette œuvre :
Voir ou savoir ?
Forme ou fond ?
Evidence ou émergence diffuse ?
Inscription ou effacement ?
Autoportrait allégorique ?
Visible ou invisible ?
En parodiant le Tao on pourrait peut-être écrire comme J. Vermeer le peint :
« La peinture qui croit être la vraie image
N’est pas la vraie image.
La peinture qui sait qu’elle se perd Est, elle, au seuil de la voie…»
Illustration : Pierre Esnault, montage d’après Vermeer
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Mardi 17 mai 2022 de 19h à 20h30
Lieu de rendez-vous : Athénée Père Joseph Wresinski, Place Saint-Christoly, 33000 Bordeaux
Intervenant : Pierre Esnault, professeur agrégé d’histoire
Tarifs : 6€ pour les non adhérents // 3€ pour les adhérents
Gratuit pour scolaires, étudiants, demandeurs d’emploi et titulaires de la Carte Jeunes Bordeaux