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Chantal Callaisarchitecte, historienne de l'art, chercheure associée à Passages, UMR 5319 CNRS
En 1815, la ceinture des cours du XVIIIe siècle est partout dépassée et la ville s’étale sans contrainte. Pour lui donner une limite, les boulevards sont ouverts par tronçons pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle. Immédiatement devenus ligne de croissance, ils accueillent d’abord des lotissements qui déclinent une typologie de maisons adaptée à tous les niveaux de la société. Les boulevards servent souvent de vitrine à la bourgeoisie, en particulier à l’ouest. Mais au sein de lotissements plus modestes de simples échoppes peuvent aussi s’y installer. Pendant l’entre-deux guerre quelques lotissements Art déco cossus et d’autres plus modestes au sud ou au nord occupent d’anciennes propriétés juste à l’arrière de la ligne des boulevards.
Il faut attendre l’après Seconde Guerre mondiale pour que les boulevards vivent l’urbanisme issu du Mouvement moderne sur les terrains restés libres et où souvent les tentatives de lotissement avaient échoué, en particulier au nord-ouest le Grand Parc, qui sert d’exemple à l’échelle nationale à la mise en œuvre de la « grille Dupont » qui organise les grands ensembles à travers une partition idéale de leurs équipements.
Peu à peu, la reconstruction de la ville sur elle-même va toucher le paysage des boulevards à l’échelle architecturale ou urbaine. Ainsi se côtoient au cours des XXe et XXIe siècles toutes les écritures architecturales, du pastiche à la modernité affirmée, du petit immeuble à la haute résidence, de la densification/restructuration des grands ensembles au « domaine fermé » prisé dans les années 1990. Enfin, encore en cours de construction, l’opération d’intérêt national, l’OIN Euratlantique apporte sa touche d’urbanisme contemporain au sud à l’entrée du pont Simone-Veil récemment ouvert.
Illustration : Le Grand Parc, exemple d’application de la « grille Dupont », au nord-ouest des boulevards ©Urbanisme, n°62-63, 1959